BORA BORA
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Une histoire riche

L’origine du nom de Bora Bora se perd dans la nuit des temps. Avant l’arrivée des Européens, l’île s’appelait Vavau mais aussi Motu tapu ora ou Mai Te Pora, ce qui signifie « surgie des ténèbres », ou plus précisément « créée par les dieux », selon les légendes anciennes qui racontent que cette terre était la première à sortir des eaux : d’où le nom «  Bora Bora i te fanau tahi », signifiant « Bora Bora la première née ». Pora, ou Popora est devenu avec le temps Pora Pora, puis Bora Bora.

Les premiers habitants de l’île arrivèrent au IXe siècle environ après un long périple à travers le Pacifique. Ces fiers marins, redevenus sédentaires, s’installèrent progressivement sur toutes les côtes. D’après la légende, le premier roi de l’île, Firiamata o Vavau, grand navigateur et guerrier invincible, était né des amours d’une pierre et d’une falaise. Des guerres intestines pour la conquête de l’île vont se succéder durant des siècles, mettant aux prises les tribus des trois grands districts (Nunue, Faanui, Anau).

Finalement, juste avant l’arrivée de Cook en 1769, Puni, roi de Faanui, va imposer la paix sur l’île, après avoir vaincu ses adversaires. Les rois Tapoa I et Tapoa II (qui épousera en 1822 Aimata, la future Pomare IV) vont régner sur Bora Bora pendant le XIXè siècle. Teriimaevarua II, fille de Tapoa II régnera de 1860 à 1873, date à laquelle sa nièce Teriimaevarua III, prendra le pouvoir. Elle épousera le prince Hinoi en 1884, divorça trois ans plus tard, et finit par céder son île à la France, lors de l’annexion de 1898. Elle mourut en 1932.

S'il faut se féliciter que l'île de Bora Bora, durant la présence d'une base militaire américaine n'a pas été le théâtre d'affrontement il n'en demeure pas moins que l'île a été une des chevilles ouvrière qui a servi l'Amérique dans sa démarche pour que le mot "Liberté" soit une réalité sur la terre des hommes. Parmi les centaines d'îles que compte la région, cette île a été choisie par l'état-major américain pour subvenir aux besoins du ravitaillement des forces américaines dans le Pacifique Sud. Pour garder le secret, le projet de cette base a été baptisé BOBCAT. Les Américains installeront un dépôt d'essence et de munitions, une base d'hydravions et de quoi ancrer leurs bâtiments de guerre dans la rade de Vaitape.

L'île de Bora Bora a été choisie entre autre à cause de son immense lagon intérieur dans lequel on pénètre par une passe unique et facilement contrôlable, surtout face à la menace des sous-marins. Pour fortifier cette base, les Américains craignant une attaque japonaise, décident d'installer aux points stratégiques, dans les montagnes, huit énormes pièces d'artilleries, propulsant des obus de sept pouces.

Constatant que l'adduction d'eau potable dans l'île est insuffisante pour alimenter les troupes, ils lancent les travaux de génie civil pour régler ce problème crucial. Non seulement ils devront remédier au réseau routier insuffisant pour recevoir les véhicules lourds de l'armée américaine, mais ils devront également construire des quais maritimes, une usine électrique et, finalement, une piste d'atterrissage qui sera le premier aérodrome de Polynésie française.

Bien entendu, l'île de Bora Bora ne sera pas en mesure d'apporter la main d'œuvre nécessaire pour assurer la logistique de l'installation de cette base militaire ; ce sont donc plus de 5000 GI's qui seront à poste dans l'île, cinq ans durant, augmentant de cinq fois la population de l'île. BOBCAT a, pendant son activité, approvisionné en carburant 181 navires. 193 navires ont été ravitaillés en eau douce grâce à un circuit de récupération et de conduites d'eau aménagées pour la circonstance. 45 navires ont été réparés dont une dizaine pour de gros travaux. 1200 navires ont été déchargés et chargés, ce qui représentent 50 000 tonnes de fret. L'activité de la base américaine à Bora Bora s'est maintenue cinq ans, au cours desquels on a pu recenser le passage de vingt mille personnes en provenance des navires américains.

Le quai de Farepiti encore en service de nos jours, est construit et inauguré par les Américains le 30 avril 1943. Il en est de même pour l'aéroport de Motu Mute, qui a vu son premier atterrissage le 17 mars 1943.

À part quelques livres et les grands ouvrages témoignant de cette formidable épopée, il nous reste en souvenir l'aéroport du Motu Mute, le quai de Farepiti, les huit canons fixés dans la montagne, quelques grosses ancres entreposées au bord de la route et une centaine d’enfants mi américains- mi polynésiens. Cela mis à part, il ne reste rien pour rappeler que l'île de Bora Bora a grandement participé à l'effort de guerre déployé par les Américains pendant la Seconde Guerre Mondiale.